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La Commune et son vignoble
La légende du groslot de Cinq Mars La Pile
A l’époque ou Henry IV, nouveau roi de France et de Navarre mettait fin aux tueries fratricides entre catholiques et protestants, la providence faisait germer un pépin de raisin vers la limite de Cinq Mars La Pile et Mazières de Touraine. Un paysan de ce temps-là, curieux et perspicace protégea la petite plante, la tuteura,” l’amignonna”.
Trois ou quatre ans plus tard, il eut la joie de voir murir de superbes raisins rouges, globuleux, juteux, auxquels il donna le joli nom de ” GROSLOT ” on écrit aussi GROLLEAU.
C’est ainsi qu’apparut le premier cep du ” GROSLOT DE CINQ MARS “
Avant cette obtention spontanée, deux cépages seulement se multiplièrent sur nos coteaux, le Pineau de la Loire ou Chenin et le Cot. Leur rendement était aléatoire et plutôt faible. Aussi ce fut une aubaine d’avoir découvert une vigne bien adaptée à notre climat et à nos terrains qui produisait en abondance un vin agréable, légèrement fruité, peu alcoolique en année normale, assez fort (10°) en année chaude, donc bienfaisant pour le corps et pour l’esprit. Ce cep, qui devait se trouver au nord de la Houbellerie ou des Roberges, fut à l’origine de tous les plants de cette variété cultivée dans la région, en France et en Californie.
D’après un érudit, de la Houbellerie, un nommé BRUERE, qui vivait encore avant la guerre de 1914, ce plant unique prit un tel développement en s’agrippant de ses vrilles aux branches de grands poiriers, qu’il couvrait parait-t-il plus d’une chaippe-66,66 Ca). En 1890, il aurait produit à lui seul un ” Poinçon” à “la Grosse Jauge ” de raison, ce qui a pu donner 200 litres de vin pour un seul cep.
Le phylloxera apparu dans le canton peu avant 1890 , n’attaqua qu’en 1902 ce cep isolé qui périclite pour mourir en 1915, après plus de 300 ans d’existence. Le greffage sur pied réfractaire au phylloxera permit une grande extension au vignoble de Groslot dans le canton. Le vin de Groslot était très coté du temps où il était vendu à la tasse, mais une propagande bien orchestrée laissa croire au consommateur citadin que le degré alcoolique donnait la qualité au vin (gros rouge) et sonna le glas de la vente du vin rouge de notre canton .
Seul n’a conservé de l’importance que le produit de ce cépage vinifié en rosé. En délimitant sa culture aux coteaux contrôlés, il a obtenu le droit à une appellation d’origine “APPELATION TOURAINE”
Propos de Monsieur MARCHAND Fernand, Maire Honoraire de St Patrice.
La viticulture aujourd’hui
Cette culture viticole se perpétue encore aujourd’hui sur la Commune à travers l’exploitation d’un vignoble familial qui s’étend sur 12 hectares.
Vinifié en rouge en Maine-et-Loire et en rosé en Loire-Atlantique, le Grolleau Noir est un cépage typique des coteaux des bords de Loire qui donne des vins légers et agréables. De sa belle robe orange pâle exhale un nez intense aux odeurs d’amandes.
En bouche, c’est un rosé léger et vif, aux arômes de fruits rouges : fraise, framboise.
À déguster frais entre 8°C et 9°C, c’est le vin de l’été par excellence.
Il agrémente avec élégance les crudités, viandes rôties et desserts à base de fraises.
L’industrie meulière
Au cours de son histoire la commune de Cinq-Mars-la-Pile a connu une activité importante, voire très importante, qui a aujourd’hui disparu. En effet, Cinq-Mars-le-Pile était réputée pour la qualité de ses pierres meulières et on y a fabriqué des dizaines de milliers de meules pour équiper les moulins qui existaient alors dans chaque commune.
Sans que l’on puisse indiquer une date avec certitude, la production de meules de moulins à Cinq-Mars-la-Pile remonte au moins à la période médiévale.
Du point de vue géologique, on trouve à Cinq-Mars-la-Pile sous la couche calcaire le silex meulier. C’est ce silex d’une grande qualité qui servait à faire les meules.
On a sans doute d’abord fabriqué des meules monolithes (formées d’un seul bloc) mais la qualité des silex utilisés dans notre région a très vite conduit les « perriers » et les meuliers à produire des meules formées de plusieurs « carreaux » assemblés avec du plâtre et cerclées à chaud comme les roues de charrettes.
Dans la carrière, également appelée « perrière », on extrayait et on triait des pierres en « ronds » (sorte d’unité de mesure correspondant à la quantité nécessaire pour fabriquer une meule). Les pierres étaient ensuite transportées vers les ateliers situés dans la commune ou bien directement au moulin pour y être assemblées.
L’absence de réseau terrestre valable laisse à penser que le transport des meules devait être une aventure périlleuse. En Touraine, la Loire constituait alors l’axe principal de transport des marchandises et la batellerie était particulièrement développée ; ce moyen de transport a longtemps été utilisé pour les meules de Cinq-Mars-la-Pile et cela a favorisé une diffusion à travers tout l’Ouest de la France.
La marine de Loire a subi un déclin très rapide en raison, notamment, de l’ouverture dès la moitié du XIXème siècle de la première ligne de chemin de fer en France, reliant Paris à Orléans et Tours puis Saumur, Angers en 1848 et Nantes en 1851. Cette ligne de chemin de fer passe par Cinq-Mars-la-Pile depuis juillet 1848 ; c’est justement la date de création de la Société Brisgault qui va être à l’origine d’une industrie locale très active.
Cinq-Mars-la-Pile comptait au début du XIXème siècle plusieurs ateliers fabriquant des meules, parmi lesquels l’atelier Mesnet, dans lequel travaillait Jean Brisgault, compagnon maçon, né vers 1756.
Le fils, également nommé Jean Brisgault, né en 1799, fonde vers 1825 la première fabrique Brisgault mais c’est son petit fils, 3ème du nom, qui fonde la « Société Meulière de Cinq-Mars » en 1848. On peut encore voir sa tombe dans l’ancien cimetière situé au bas de la route de Mazières.
A partir de ce moment, la production va connaître un essor considérable sous la direction de la famille. La Société s’appellera successivement « Grande Société Meulière », « Société Brisgault Frères & Cie », puis « Fabrique de Meules Garnier-Bergier » et Garnier-Bergier-Millet.
Entre-temps – mais à quelle date exactement ? – l’atelier Mesnet a été absorbé comme le confirment certains documents publicitaires de la Société Brisgault Frères & Cie (documents situés vers 1910 seulement).
Chaque meule qui sortait de la fabrique portait un numéro, quelque soit son usage ou sa dimension. C’est ce qui apparaît très clairement à travers la correspondance étudiée. Cette caractéristique est particulièrement utile car elle permet d’évaluer les quantités produites entre deux dates connues. On produisait des meules pour la mouture des grains mais aussi pour le broyage de différents matériaux comme le kaolin pour la porcelaine de Limoges ou des phosphates pour la production d’engrais à Nantes. Des meules étaient expédiées au-delà des frontières dans différents pays d’Europe et différents continents
La fabrique de Cinq-Mars développa dans la seconde moitié du XIXème siècle une clientèle importante dans tout l’Ouest de la France.
En dépit de ses efforts la fabrique eut à faire face au déclin de la meunerie traditionnelle et à l’avènement des machines à cylindres contre lesquelles le rendement des meules ne pouvait lutter. […]
Cet exposé ne serait pas complet si l’on oubliait de citer ceux qui, à la sueur de leur front, ont permis à cette histoire d’exister. Ce sont les ouvriers meuliers et tous les métiers annexes : carriers (ou perriers), charretiers, forgerons… A Cinq-Mars-la-Pile ils ont été des centaines mais si l’on évoque parfois avec nostalgie cette époque, il ne faut cependant pas oublier les très dures conditions de travail, alors habituelles. […]
Il ne reste aujourd’hui que bien peu de traces de ce passé pourtant encore proche. C’est la guerre qui a eu raison des dernières activités de l’entreprise. Il est vrai que la meunerie traditionnelle vivait alors ses dernières heures de gloire également.
Du chantier, il ne reste qu’une « Place des Meuliers » et un local occupé par une association caritative. La municipalité a ainsi perpétué le souvenir de cette industrie.
Rue de la Gare, se dresse encore la maison de Raphaël Garnier, l’un des directeurs de la fabrique de meules et Maire de Cinq-Mars-la-Pile de 1935 à 1945. Cette belle maison bourgeoise, aujourd’hui maison d’hôtes, s’appelle « La Meulière » et elle présente la particularité d’avoir un motif décoratif représentant une meule sur le pignon nord.
Les meules de Cinq-Mars-la-Pile qui sont encore en place dans de nombreux moulins de France sont les meilleurs témoins de cette industrie passée.
[1] Citée par Claude RIVALS dans « Le Moulin et le meunier – Tome 1 » – Ed. Empreinte, 2000 – p. 198
Retrouvez l’intégralité de l’article rédigé par Monsieur Benoît DEFFONTAINES ▼
La charte de 1582
M. Patrick Bordeaux, historien, a effectué, dans le cadre d’un partenariat avec la municipalité, des recherches historiques sur la commune de Cinq-Mars. Il a notamment réalisé la traduction d’un document exceptionnel datant de 1582 (notre photo), que M. Michel Bouyé de Cinq-Mars-la-Pile avait mis gracieusement à sa disposition.
Ce texte dit que le roi Henri III accorde, à la demande de Mathurin du Broc, seigneur de Cinq Mars servant d’intermédiaire, aux habitants de la ville le droit de tenir un marché le jeudi de chaque semaine, ainsi que quatre foires par an: les 8 juin (st Médard), 25 août (st Louis), 30 novembre (st André) et 24 février (st Mathias). Le roi accorde ce droit dans la limite où cela ne gêne pas la tenue d’autres foires ou marchés dans les villes alentour. De plus, la construction d’une halle est autorisée, elle sera construite aux frais des habitants, le roi autorisant le prélèvement exceptionnel d’une somme de 1 000 livres payée par les dits habitants.
Pour tous les amateurs de vieux français, en voici le texte intégral :
« (l.1) Henry par la grâce de Dieu roy de France et de Pologne à tous présent et à venir salut, receu à nous lhumble supplication de notre cher et bien amé messire Mathurin de Broc chevallier de notre ordre sieur de St Mars de la Pille et des manans et habitans (l.2) dudict lieu, convenant que ledict village est beau et grand chastellenie de grande estandue seant et assis sur la riviere de Loyre et sur le grand chemin tendant de Nantes à Orléans habondant et fertil en bleds, vins, bestial et aultres choses necessites et commodes, bien construict dun bon nombre de (l.3) maisons habitans et marchans bien aisés, traffiquans avec plusieurs aultres leurs voisins. Parquoy pour leur plus grande commodité decoration et augmentation dudist lieu ils desiroient volontiers que nostre bon plaisir fust y cree et establir quatre foires lan un ung marché pour chacune sepmaine, (l.4) à savoir la premiere le jour de saint Médart huictiesme de juin, la seconde le jour saint Louis vingtcinquiesme aoust, la troisiesme le jour saint André trantiesme de novembre, et la dernière le jour saint Mathias vingt quatriesme de febvrier, et le marché le jeudy de chacune sepmaine. Scavoir faisons que nous inclinant à la (l.5) supplication et requeste desdicts supplians, pour ces causes et à ce nous mouvant. Avons audict lieu de saint Mars de la Pille créé, ordonné, institué et estably et de nostre certaine science, grace spaciale, plaine puissance et auctorité royale, creons, ordonnons, instituons et establissons les dictes foires chacun an (l.6) ensemble ledict marché, pour y estre estably auxdicts jours doresnavant, perpetuellement et à toujours garder, observer et autre aultretermes, voulans et ordonnans que auxdicts jours tous marchans y puissent aller venir sejouner, traffiquer et granger toutes manières de marchandises licites (l.7) et quils jouissent et usent de tous et tels droicts, previleges, franchises, libertez que lon a accoustume de faire en aultres foires de nostre royaume,Pourvu touttefois que a quatre(l.8) ne prejudicier. Si donnons en mandement par ces mesmes présentes au Bailly de Touraine ou son lieutenant et tous nos aultres justiciers et officiers quil appartiendra que de nos publications establissement desdictes foires et marchés ils facent souffrent et laissent lesdicts (l.9) habitans ensemble les marchans alans venans et frequantans lesdictes foires jouir et user plainemens et perpetuellement les faisant crier, publier et signiffier en lieux circonvoisins et ailleurs ou et ainsy quil appartiendra pour lesdictes foires et marchés tenir et conserver (l.10) demeurant auxdicts habitans de notre certaine science, plaine puissance et auctorité royal pour construire et ediffier lieu plus commode et à propos quils veront bon estre, halles, bancs, estaulx, boutiques et aultres necessités pour loger les marchans et denrées (?) et (l.11) leurs marchandises, sans en ce leur mettre aucun destourbir au contraire. Lesquels sy faict mis ou donné leur estoient, les metent et reparent ou facent metre et réparer incontinant et sans delay à plaine et entiere delivrance et au premier estat et du, et oultre à (l.12) leur avons permis et permettons faire asseoir sur eulx le fort portans le faible le plus esgallement que faire se pourra la somme de mil livres ensemble les frais et obtention de ces presentes pour y estre levé en cinq années, et employé à la confection desdictes halles (l.13) estaulx, bancs et aultres necessites et non ailleure. Car tel est nostre plaisir, donné à Paris au mois de febvier lan de grace mil cinq cent quatrevingts deux et de nostre regne le huictiesme. » lieues à la ronde ny ayt auxdicts jours aultres foires et marchés auxquelles ces présentes puissent nuire